La Sierra de Atapuerca est située à 15 km de la ville historique de Burgos, dans la vallée de la rivière Arlanzón. Une colline allongée, d’environ 1.000m d’altitude, se dresse sur ce paysage. Si l’apparence est modeste, ses entrailles sont généreuses en gibier et gites naturels, et dès l’aube des temps les humains s’y sont réfugiés. Cette enclave naturelle exceptionnelle, habitée en permanence depuis les premiers chasseurs cueilleurs, possède des gisements étonnants, objet de recherches scientifiques depuis leur découverte en 1978. Toute une série de gisements paléontologiques et archéologiques exceptionnels, de par leur quantité et leur qualité, y ont été mis à jour.
L’Espace Culturel Sierra de Atapuerca englobe le Site Archéologique d’Atapuerca, avec ses 31 gisements archéologiques (21 à Ibeas de Juarros, 4 à Atapuerca et 4 autres entre les deux communes) auxquels il faut encore ajouter 21 gisements archéologiques situés sur d’autres communes ; le tout représentant un total de 52 gisements.
Gisements du Pléistocène de la Sierra de Atapuerca: ce sont les gisements les plus anciens du site, les plus diffusés et mondialement célèbres.
- Gisements de la Trinchera del Ferrocarril, englobant les cavités coupées par la construction du chemin de fer au début du XXème siècle. Ils sont constitués par :
o Gran Dolina : C’est ici que les vestiges de l’Homo Antecessor, datés de plus de 800 000 ans, ont été découverts. Il s’agit des restes de six individus d’âges différents (enfants, adolescents et adultes). Ils ont permis de déduire la pratique du cannibalisme dont faisaient usage ces êtres humains.
o Galería-Tres Simas : À proximité de Gran Dolina, on trouve la Galería et le complexe des Tres Simas, formé par trois cavités. Les restes découverts montrent que ces sites ont été occupés par des humains il y a 200 000 et 400 000 ans.
o Sima del Elefante : C’est dans la Trinchera del Ferrocarril même que se trouve ce gisement qui a fourni la découverte des restes humains les plus anciens. Ces restes ont plus de 1,2 million d’années ; ils constituent –avec ceux découverts en Sibérie– l’évidence de la présence humaine la plus reculée en Eurasie.
- Gisements de Cueva Mayor:
- Sima de los Huesos: Il s’agit d’un très riche dépôt de fossiles dans un site d’accès difficile à l’intérieur de Cueva Mayor, à un demi-kilomètre de son entrée et au pied d’un puits de 14 mètres de profondeur. La grande abondance d’ossements qui y ont été découverts est remarquable. Ils appartiennent principalement à des ours (plus de 150 individus), à quelques renards et loups, lions, lynx et mustélidés. Tout particulièrement importants sont les 2.500 fossiles humains datant d’au moins 300.000 ans, dont une trentaine de fossiles d’Homo Heldelbergensis, y ont été mis à jour. C’est ici que les restes de celui que l’on a appelé « Miguelón » ont été découverts, ce qui a permis de reconstruire avec une certaine fiabilité l’aspect des humains d’il y a des milliers d’années.
- Gisements à l’air libre:
o Valle de las Orquídeas. Situé sur la commune de Cardeñuela-Río Pico, il a fourni principalement des outils taillés en silex.
o Terrasses du Pléistocène : À Ibeas de Juarros, les terrasses de la rivière Arlanzón ont livré des objets d’industrie lithique (outils, éclats de tailles, etc.) du Paléolithique et d’époques plus récentes de la Préhistoire. À Cardeñuelas de Riopico et Rubena ont été mis à jour de grands gisements de silex ; c’est le matériel que les habitants d’Atapuerca utilisaient le plus pour faire aussi bien leurs outils de chasse que ceux d’usage quotidien.
o Hundidero : Établissement humain en plein air à Cardeñuela de Río Pico, une ancienne mare formée sur une terrasse de la rivière Arlanzón. Il a livré des matériaux archéologiques du Paléolithique Moyen.
o Hôtel California : Des restes humains ont également été trouvés dans ce gisement au bord de la rivière Pico. Les Néandertaliens utilisaient certainement ces parages en plein air pour y chasser, faire la cueillette, etc.
Autres gisements postérieurs de la Sierra de Atapuerca : De par leur portée, les gisements découverts dans la Sierra de Atapuerca relatifs au Pléistocène sont uniques au monde. Toutefois, les établissements humains postérieurs ne manquent nullement d’importance. Parmi eux signalons les suivants :
- El Portalón (Cueva Mayor) : Ce gisement a livré des objets appartenant au Néolithique et au début de l’Âge du Bronze. Des vestiges de la présence humaine au cours de l’époque romaine et du Haut Moyen âge y ont été également mis à jour.
- Galería del Silex (Cueva Mayor): Dans la galerie on a trouvé des enterrements humains et d’autres restes appartenant au Néolithique et au début de l’Âge du Bronze. Les manifestations artistiques – cinquante-trois panneaux avec des représentations schématiques, gravées et peintes en rouge– semblent bien appartenir à un rituel funéraire, comme le prouve l’existence de cercles de pierre avec des cendres. À l'extrémité de la galerie, des traces attestent de l'exploitation du silex dont le gisement tire son nom.
- Cueva del Mirador: Des restes qui vont du Néolithique jusqu’à l’Âge du Bronze y ont été mis à jour.
- Cueva de Silex: Il s’agit d’un véritable sanctuaire préhistorique qui se conserve intact depuis l’âge du bronze. Ses murs présentent des exemples d’art rupestre, images aux tracés fins certaines témoignent de techniques de peinture en rouge et noire. Pour la plupart, il s’agit de représentations d’humains accompagnés de quelques exemples d’animaux.
L’Espace Culturel se doit de coordonner la protection et gestion de ce riche patrimoine, ainsi que de promouvoir la recherche scientifique de ses gisements. Il a également pour but de stimuler sa connaissance et sa diffusion dans la société. C’est au cœur du domaine, à Burgos, que se trouvent le Centre National de Recherche de l’Evolution Humaine et le Musée de l’Evolution Humaine, ainsi que les Centres de Réception et d’Interprétation d’Ibeas de Juarros et Atapuerca. L ’Espace Culturel englobe également des villages voisins tels Rubena, Quintanapalla, Olmos de Atapuerca, Barrios de Colina, San Arlanzón, Villalbura, San Millán de Juarros, San Pedro de Cardeña, San Medel, Castañares, Villafría, Orbaneja Riopico, Cardeñuela, Riopico et Villalval. Sa mission est d’assurer la sauvegarde, avec une gestion adéquate, de cette enclave unique au monde.